Orthographe:

L’hébreu et les langues juives peuvent être transcrits de diverses façons. Pour l’hébreu, l’orthographe la plus recommandée est celle du Library of Congress system for Hebrew. Pour le judéo-arabe, on oscille souvent entre une orthographe francisée et une orthographe propres aux arabisants. Ainsi le mot judéo-arabe tunisien ghasrah «angoissse» peut être transcrit sous la forme ġasrah (orthographe cultivée) ou bien rasra (orthographe populaire). Notre processeur sera en mesure d’enregistrer plusieurs graphies pour la même entrée. Cette variété dans les graphies dépend aussi en grande partie des utilisateurs. Quoi qu’il en soit la liste des variantes graphiques est ouverte.

Langues d’origine:

Il n’est pas toujours aisé de déterminer l’origine d’un mot. Il arrive notamment que la prononciation française rende méconnaissable un mot judéo-arabe (ex. le mot rasra < ġasrah mentionné ci-dessus) ou un mot hébreu (tiš‘ah be-’ab prononcé tša‘bәb par les Juifs d’Algérie). Voici une liste des noms de langues que nous utilisons:

  • Français: mots français utilisés avec une acception spécifiquement juive, soit en raison de l’influence du français d’Afrique du Nord (pied-noir; pataouète), soit parce qu’ils se rapportent à un contexte cultuel ou communautaire.
  • Hébreu des Textes:Hébreu biblique et rabbinique (Mishnah); hébreu médiéval (responsa); liturgie.
  • Araméen: Judéo-Araméen, notamment celui du Talmud de Babylone et de certaines prières.
  • Judéo-Arabe: Tunisien, Algérien; Marocain; égyptien. A noter que les termes arabes usités occasionnellement dans le français des Juifs ne viennent pas forcément du judéo-arabe, mais peuvent provenir des dialectes courants en usage dans le Maghreb ou en Égypte.
  • Yiddish: propagé essentiellement dans les milieux ultra-orthodoxes. Il peut s’agir de termes hébreux passés en yiddish ou bien de mots germaniques ou slaves n’ayant aucun rapport avec l’hébreu.
  • Yiddish Alsacien (Jüdisch-taytsch): variété juive du dialecte alsacien ou variété alsacienne du yiddish occidental, selon le point de vue qu’on adopte.
  • Hébreu Moderne: mots usités en hébreu moderne et/ou créés récemment.
  • Judéo-espagnol: haquetía des Juifs hispanophones du Nord du Maroc et judéo-espagnol des Juifs turcs, grecs ou balkaniques.

Qui emploie tel ou tel mot?

Un dictionnaire est plus complet quand il apporte des informations d’ordre sociolinguistique. Même si tout Juif ou non-juif est potentiellement en mesure d’utiliser tel ou tel mot, il apparaît que certaines catégories de personnes sont plus enclines à recourir à des mots spécifiquement juifs:

  • Juifs observants ayant le plus souvent reçu une éducation juive.
  • Juifs de stricte observance dont l’existence est régie par la Halakhah (loi juive)
  • Juif traditionalistes
  • Juifs assimilés ayant conservé un vague souvenir de la tradition
  • Juifs engagés professionnellement ou à titre bénévole dans la vie communautaire.
  • Juifs de divers horizons plus ou moins engagés dans la vie communautaire.
  • Juifs fréquentant ou ayant fréquenté des mouvements de jeunesse juifs en tant que participants, cadres ou organisateurs.
  • Juifs de la Diaspora qui se sentent liés à Israël et qui ont séjourné un certain temps dans ce pays.
  • Juifs dont l’identité juive se manifeste avant tout sur le plan de l’ethnicité.
  • Juifs quadragénaires ou plus.
  • Juifs ayant la trentaine ou moins.
  • Juifs de tradition sépharade. Ils peuvent se subdiviser comme suit:
    • Nord-africains
    • Algériens
    • Marocains
    • Tunisiens
    • Égyptiens (souvent d’ascendance juive syrienne)
    • Sépharades hispanophones du Nord du Maroc, de Turquie, de Grèce et des Balkans.
  • Juifs de tradition ashkénaze
    • Alsaciens
    • Lorrains
    • Juifs d’ascendance portugaise
    • Juifs provençaux
    • Juifs d’origine allemande ou autrichienne
    • Juifs polonais
    • Juifs russes
    • Juifs roumains
    • Juifs hongrois
    • non-juifs (pour les mots qui se sont répandus en dehors du monde juif)

Ces catégories ne prétendent pas quadriller exhaustivement toutes les subdivisions du judaïsme français et elles ne sont en aucun cas exclusives les unes des autres. Certains individus peuvent appartenir à plusieurs groupes. Comme la plupart des mots de ce glossaire n’ont pas été étudiés, cette colonne se fonde essentiellement sur les impressions des contributeurs auxquels on doit l’introduction de tel ou tel mot. Nos usagers sont invités à apporter leurs corrections s’ils le jugent utile. On voit bien d’après cette colonne que le français des Juifs n’a rien d’homogène. C’est bien plutôt une catégorie subsumante, voire un fourre-tout qui regroupe les variétés de français en usage chez des groupes très divers.

Régions où ce mot est usité:

  • France
  • Afrique du Nord
  • Belgique
  • Suisse romande
  • Canada